Le "Toit du monde" était sous tension mardi, malgré le calme apparent, avec une mobilisation en force de la police armée et des monastères fermés au public, selon des témoins et des journalistes AFP-LeMatin
Les journalistes étrangers, qui ont tenté de se rendre dans les régions voisines du Tibet, dans l'ouest de la Chine, n'étaient pas les bienvenus. Et la tension était apparente, à l'occasion du 50e anniversaire de l'échec d'un soulèvement antichinois.
"Ce n'est pas un lieu public, vous ne pouvez pas être ici", a déclaré un officier de police à trois journalistes de l'AFP avant de leur ordonner de quitter la ville de Lajia, une zone tibétaine dans les montagnes de la province du Qinghai, jouxtant la région autonome du Tibet.
Les journalistes avaient pu se rendre dans le monastère de Lajia, mais les moines ont refusé de s'exprimer, craignant apparemment des représailles.
Des postes de contrôle parsèment les routes dans cette région et, dans la ville voisine de Guomaying, plus d'une vingtaine de policiers en tenue anti-émeute patrouillaient.
D'autres journalistes étrangers ont décrit des déploiements militaires sur le plateau tibétain afin d'éviter tout problème.
Environ six millions de Tibétains vivent au Tibet et dans les régions environnantes, comme le Qinghai.
Les journalistes étrangers ne peuvent se rendre indépendamment au Tibet.
Cependant, selon les règles en vigueur depuis deux ans, ils devraient normalement pouvoir aller dans les régions tibétaines proches.
Dans la capitale de la région autonome, Lhassa, les policiers patrouillent près du temple de Jokhang, dans la vieille ville, là où des émeutes avaient éclaté il y a près d'un an, selon les témoignages d'habitants.
"Notre hôtel se trouve près du temple de Jokhang et la police armée est tout autour. Vous devez porter vos papiers d'identité avec vous, car la police effectue des contrôles", a expliqué une réceptionniste d'un hôtel de Lhassa.
Dans la capitale du Qinghai, Xining, un jeune homme tibétain a rendu compte du climat actuel de peur après des informations selon lesquelles des centaines de personnes ont été portées disparues après les troubles de l'année dernière.
"J'ai vraiment peur, car, même si je ne fais rien de mal, je reste quelqu'un de suspect pour le gouvernement", a-t-il dit à l'AFP.
Tant à Lhassa que dans les régions voisines, les habitants ont témoigné d'un renforcement de la sécurité.
"Il y a des patrouilles de policiers armés dans les rues 24 heures sur 24. Ces dix derniers jours, le nombre de policiers a augmenté", a indiqué à l'AFP un habitant d'un district de la province du Qinghai, joint par téléphone.
Ce dernier a souligné que toute activité avait été interdite ces derniers jours, notamment la célébration de la journée de la Femme dimanche.
Dans le district de Xiahe, dans la province du Gansu, également secoué par des manifestations de moines l'année dernière, un employé a déclaré que son hôtel avait été réservé par des responsables locaux du "bureau du maintien de l'ordre".
"Il n'y a plus de chambres pour les touristes. Nous avons reçu un avis du gouvernement provincial nous informant que les touristes étaient interdits dans la zone jusqu'à la mi-avril", a précisé cet employé.
Exilés tibétains et sympathisants de la cause du Tibet ont manifesté mardi à travers le monde pour célébrer le 50e anniversaire du soulèvement antichinois et de la fuite en exil du dalaï lama le 10 mars 1959
En République tchèque, pays qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne, le drapeau tibétain a été hissé à Prague sur le Parlement ainsi que sur de nombreux bâtiments publics à travers le pays.
A l'Assemblée, des écologistes, membres de la coalition au pouvoir, ont hissé les couleurs tibétaines malgré les mises en garde répétées des diplomates européens dans la perspective d'un prochain sommet UE-Chine prévu en mai à Prague.
La semaine dernière, l'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait appelé la présidence tchèque de l'UE à soulever la question des droits de l'homme au cours de ce sommet...
...
http://www.lematin.ch/flash-info/monde/manifestations-travers-monde-soutenir-cause-tibet
Robbie Barnett, auteur de nombreux ouvrages sur le Tibet, dirige le Centre d’études tibétaines modernes de l’université de Columbia, à New York. Il est l’un des meilleurs connaisseurs du Tibet
Interview Libération :
Quelle a été la politique chinoise au Tibet depuis cinquante ans ?
Pendant les huit premières années qui ont suivi l’invasion du Tibet [en 1951, ndlr], la Chine a tenté de faire des compromis avec l’élite tibétaine, les aristocrates et la hiérarchie religieuse, sans jamais parler de réforme. La fuite du dalaï-lama en Inde, il y a cinquante ans, a marqué la fin de cette tentative du dirigeant chinois, Mao Zedong, d’accepter la réalité de la situation.
Au cours des vingt années suivantes, Mao a redistribué les terres à la classe paysanne, déclenchant une inimaginable période de férocité, de meurtres et de ferveur idéologique.
Tout change en 1979 : Deng Xiaoping annonce une sorte d’entente avec l’élite tibétaine, qui est réhabilitée, et encourage un renouveau culturel. En 1980 à Lhassa, le secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, s’excuse pour les atrocités passées et annonce que les cadres chinois au Tibet seront graduellement remplacés par des Tibétains. Un geste extraordinaire et impensable aujourd’hui !
L’ouverture débouche, au début des années 90, sur une politique de soutien à la classe moyenne tibétaine. Cette période durant laquelle les Chinois ont fait preuve de leur capacité d’accepter la société tibétaine dans sa totalité, était sans conteste la plus prometteuse pour l’avenir du Tibet. Aujourd’hui, ils s’en éloignent davantage jour après jour. A partir de 1992, Pékin est allé bien au-delà des mesures répressives militaires et policières classiques.
Comment ?
Pékin a commencé à détruire le tissu culturel tibétain qu’il considère comme étant à la racine des idées nationalistes, à l’aide de commissaires politico-culturels. Cette stratégie a été formalisée en 1994 par l’ancien président Jiang Zemin, qui a officiellement interdit le culte du dalaï-lama, et obligé le clergé à le dénoncer par écrit - en tant que personnalité religieuse. Auparavant, seules les positions politiques du dalaï-lama étaient critiquées. Tous les fonctionnaires, même les balayeurs municipaux, ainsi que les étudiants, se sont vu interdire de pratiquer tout culte religieux ; les livres d’histoire du Tibet ont été réécrits pour minimiser le rôle de la religion ; les intellectuels tibétains enseignant dans les universités ont été mis en retraite anticipée, tandis que la politique d’introduction du tibétain en tant que langue d’enseignement dans les écoles secondaires a été révoquée… Cette décision de la Chine moderne d’adopter - en se gardant de les rendre publiques - des pratiques héritées de la Révolution culturelle, constitue un tournant significatif. Tel un chirurgien, l’Etat s’est mis à amputer les compartiments de la pensée qu’il juge néfastes...
...
http://www.liberation.fr/monde/0101553204-pekin-permet-l-expression-d-une-haine-ethnique
Voici maintenant la situation vue du gouvernement chinois...
Le gouvernement chinois a publié lundi un livre blanc sur la situation au Tibet avant et depuis 1959 pour marquer le 50ème anniversaire de la réforme démocratique dans cette région
Le livre blanc, publié par le bureau de l'information du Conseil des Affaires d'Etat, passe en revue le changement profond qui a eu lieu dans les 50 dernières années.
Il éclaire aussi les lois qui gouvernent le développement social du Tibet, et essaye de mettre fin aux mensonges et rumeurs qui sont colportés par le 14ème dalaï lama et ses partisans.
Ce livre blanc permet aussi de faire la différence entre ce qui est vrai et faux dans l'histoire et aide le monde à mieux comprendre le vrai Tibet. Avant 1959, le Tibet était une société de servage féodal sous un système théocratique où le 14ème dalaï lama était le chef et le représentant de la classe dominante supérieure des propiétaires de serfs, indique le livre...
...
http://www.french.xinhuanet.com/french/2009-03/02/content_830621.htm
Le gouvernement central a ouvert et maintiendra toujours sa porte ouverte pour permettre au 14ème dalaï lama de retourner à une position patriotique", affirme le livre blanc.
Voilà les amis, à vous de vous faire une idée sur la situation du Tibet en rapport avec la Chine, les chinois persuadés avoir rendu service aux tibétains en les délivrant de la "Féodalité" il y a plus d'un demi-siècle, et les tibétains qui réclament que les chinois respectent leurs traditions ancestrales et leur dignité !
Alors, la raison du plus fort n'étant pas toujours la meilleure, l'Histoire nous l'a souvent prouvé, il existe certainement un terrain d'entente entre les deux peuples, à condition de le vouloir.
Le Tibet a-t-il été victime de l'affrontement des idées révolutionnaires chinoises (l’idéologie rouge) de l'époque
avec le libéral-colonialisme occidental intéressé par le business avec les élites ? On peut s'en douter, et on sait également que collectivisation n'était pas synonyme de libéralisation, mais au 21è siècle, le monde tend vers une certaine évolution (même si les apparences sont trompeuses) et la Chine ne délivre pas toujours les bons signaux si elle veut réellement le bonheur de son peuple y compris les tibétains.